ADIEU
Mon chéri, mon bébé, mon amour ! Je dois te laisser, l'espace de ma vie est devenu trop étroit pour y entreposer deux curs. Faute de place, je choisis le plus fort. Déjà, un mois, qu'on se connaît, que je t'écoute chaque soir, un mois que tu fais vibrer mon corps, que tu as bouleversé l'organisation délicate de mon univers de femme. Pourtant, je dois te quitter, je ne crois pas que l'on se reverra, en tout cas, pas pour l'instant.
Je ne te laisse pas le choix, je sais, mais je n'en ai pas non plus. Ton arrivée dans ma vie est un miracle certes mais un miracle auquel je ne peux croire, auquel personne ne me le laissera croire. Déjà un mois et j'entends déjà au loin, la rumeur qui s'abat sur moi, qui me ronge, qui me dévore , qui m'éparpille. Tu me rassembles pourtant, tu me soudes, me colles, me colmates. La brèche béante de mon désespoir se referme sous tes doigts délicats, me laissant imaginer des jours moins sombres.
Je t'imagine aussi, tel un fruit encore vert ,éclore au soleil de mes yeux. Soleil de mort que ces yeux là. Jamais , je n'ai cru en arriver là, être la lame oxydée de larmes qui déchire notre lien, notre fil, notre corde de survie.
De toi, il ne me restera qu'un souvenir lointain, qu'une impression vague et floue d'un amour sans nom : le tien.
Jules, Félicien, Emile, peu importe. Il est trop tard désormais, nul ne peut prévoir les erreurs du futur, nul ne peut arrêter le cours de la vie, de ma vie.
Je t'abandonne mon doux enfant, mon petit enfant qui ne le sera jamais, j'ai trop vécu de gouffres pour ne pas retrouver la lumière. Je t'oublierai vite, je t'ai déjà un peu oublié, juste cette douleur, cette froideur de l'acier qui me résigne à te considérer une dernière fois, à t'imaginer. Plus de fil, plus de corde, plus de peur, plus d'espoir.
Pardonnes-moi !